La Belle Hélène, opéra-bouffe en trois actes de Jacques Offenbach, sur un livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy, créé en 1864.

Pâris, le fils du roi Priam de Troie, s’est vu attribuer par Vénus la reine Hélène de Sparte en récompense. L’augure Calchas, au service des dieux, invente un oracle pour éloigner Ménélas, le mari naïf. Pâris peut alors faire sa cour à Hélène, qui résiste le peu qu’elle peut. Mais que faire contre la volonté des dieux ?

Cette pièce revisite la mythologie, au grand scandale des intellectuels de l’époque. Zola a écrit : « Jamais la farce bête ne s’est étalée avec une pareille impudence. » Mais voilà, la Belle Hélène, c’est léger, c’est drôle, la musique est entraînante. Le succès est assuré.

Mise en scène : Marie Arnold

Direction de chœur et adaptation du texte : Philippe Pérez

Décors : Anne Dussaux

Costumes : Annick Durieu

Distribution : 

Hélène : Marie Arnold

Pâris : Hervé Saint-Raymond

Oreste : Alexandra Mathieu

Ménélas : Charles Melloul

Calchas : Eric Dussaux

Agamemnon : Florent Mathieu

Achille : Adriano Pappani

Ajax I : Patrick Izard

Ajax II : Hervé Durieu

Parthénis : Béatrice Pérez

Léoena : Annick Durieu

Bacchis : Florence Beauchais

Jacques OFFENBACH

Jacob Offenbach naît en 1819 à Cologne (Allemagne). Musicien prodige, il poursuit dès 1833 ses études musicales à Paris, seule ville où un artiste juif peut à l’époque faire carrière.

Ayant francisé son prénom en « Jacques », il mène une carrière de violoncelliste virtuose. En 1847, il devient directeur musical de la Comédie-Française. Compositeur, il crée en 1855 son propre théâtre, les Bouffes-Parisiens, afin d’y faire exécuter ses œuvres.

Parmi la centaine d’œuvres qu’il compose en 40 ans d’activité, plusieurs sont devenues des classiques, comme Orphée aux Enfers (1858), La Belle Hélène (1864), La Vie parisienne (1866), La Grande-duchesse de Gerolstein (1867), La Périchole (1868), Les Brigands (1869), ou La Fille du Tambour-Major (1879).

Il meurt des suites de la goutte le 5 octobre 1880, à Paris. Il est enterré au cimetière de Montmartre.

Offenbach avait été le grand amuseur du Second Empire. Mais la guerre de 70 a mis fin à la fête impériale, les goûts du public changèrent et il connut des moments difficiles, aussi à cause de ses origines allemandes.

Malgré son immense succès populaire, il n’était pas reconnu par l’élite musicale. Ce ne sera que quatre mois après sa mort, avec Les Contes d’Hoffmann (1881), qu’il recevra la consécration de la critique, mais posthume.

Les Librettistes

On loue l’esprit satirique et l’humour bouffon d’Offenbach. Sans doute il possédait cette tournure. Mais les scénaristes et champions du bon mot sont les librettistes. Rendons à chacun ce qui lui revient : au compositeur la musique, aux librettistes le texte. Bien évidemment, compositeur et librettistes collaborent étroitement.

Pour La Belle Hélène, nous retrouvons l’association d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy. Ils collaborèrent de 1860 à 1881. Avec Offenbach, on leur doit également La Vie Parisienne (Baladins 2003 et 2008), La Grande Duchesse de Gerolstein (Baladins 2012), La Périchole (Baladins 2010), Les Brigands (Baladins 2017). Ce sont eux aussi qui ont écrit Carmen, pour Bizet.

Henri Meilhac était journaliste et dessinateur. Bon vivant et célibataire, amateur de tous les plaisirs, ce grand fantaisiste possédait une imagination débridée et loufoque.

Henri Halévy travaillait dans l’administration, et notamment au Corps législatif (notre Assemblée nationale). Il a aussi écrit des romans et des pièces de théâtre.

Les talents très prolifiques de Meilhac et Halévy leur ont valu l’honneur d’être élus à l’Académie Française, Halévy en 1884 et Meilhac en 1888.

Tous deux sont inhumés au cimetière de Montmartre, comme Offenbach.

Les sources mythologiques de la guerre de Troie

Les récits autour de la guerre de Troie forment le Cycle Troyen de la mythologie grecque.

Les écrits primitifs ont pour la plupart été perdus. C’est le cas des Chants Cypriens, attribués au poète Stasinos (env. -500), dont il reste très peu de vers, qui racontent notamment les origines de la guerre de Troie, sujet de la Belle Hélène.

Des autres récits du Cycle Troyen (l’Ethiopide, le Sac de Troie, les Retours etc.), seuls les textes de l’Iliade et l’Odyssée d’Homère ont fait l’objet d’une telle vénération depuis l’Antiquité qu’ils ont survécu.

Nous connaissons les récits perdus grâce à certains auteurs qui dans les siècles suivants en ont fait des reprises ou des résumés, notamment les Fabulae de Hygin (-67, 17), la Bibliothèque du Pseudo-Apollodore (env. 200) et la Chrestomathie de Proclus (412-485). Les textes présentent des variantes et peuvent se contredire.

On trouve d’autres informations dans la sculpture et d’innombrables céramiques, et dans toute la littérature grecque. Enfin, les Latins, notamment Virgile dans son Enéide, ont écrit eux aussi les récits des origines de leur civilisation, qui prennent leur source à Troie.

Les légendes racontées étaient beaucoup plus anciennes et possiblement basées sur des faits réels. Si les dix années de la guerre de Troie ont bien eu lieu, on estime que c’était vers le début du 12 e siècle avant notre ère (de -1194 à -1184 ?).

Les Origines de la Guerre de Troie

Au cours d’une fête chez les dieux, Eris, la déesse de la discorde, fit rouler aux pieds d’Athéna, Héra et Aphrodite la fameuse pomme de discorde, une pomme d’or sur laquelle était écrit : « À la plus belle ». Zeus, prudent, choisit comme juge Pâris, un jeune et beau berger du mont Ida.

Aphrodite, qui avait promis à Pâris l’amour d’Hélène, la plus belle femme du monde, remporta le jugement. Pâris était fils de Priam, le roi de Troie, mais abandonné en forêt à sa naissance, un oracle ayant annoncé qu’il serait cause de la destruction de la ville. Rentrant à Troie, son père se réjouit du retour de son fils qu’il croyait mort.

Hélène, fille de Tyndare, roi de Sparte, avait une trentaine de prétendants. Tyndare les réunit, et leur fit promettre d’aider l’élu s’il devait arriver malheur au ménage. Ménélas fut choisi et devint roi de Sparte à la mort de Tyndare.

Prétextant un sacrifice de purification, Pâris fut reçu à Sparte par Ménélas et commença sa cour à Hélène. Ménélas dut partir en Crête pour l’enterrement de son grand-père. Le soir même, Pâris et Hélène s’enfuirent pour Troie, emportant l’or du temple d’Apollon. Le peuple de Troie, fasciné par la beauté d’Hélène, jura de ne jamais la laisser partir. De leur côté, les rois de Grèce, tenus par leur serment, se mirent au service de Ménélas pour reprendre Hélène.

Les Grecs choisissent Agamemnon, frère de Ménélas, comme leur chef suprême. Après avoir sacrifié sa fille Iphigénie sur les conseils de Calchas pour avoir bon vent, Agamemnon fait assiéger Troie pendant neuf ans, pillant les alentours.

La dixième année, Achille refusa de se battre pour protester contre Agamemnon qui lui avait pris une femme de son butin. Sans lui, les Grecs étaient dominés, et Patrocle, meilleur ami d’Achille, fut tué. Fou de colère, Achille fit subir de lourdes pertes aux Troyens et tua leur meilleur guerrier, Hector, frère de Pâris. Achille fut si odieux par ses exactions qu’Apollon dirigea une des flèches de Pâris sur son talon, son seul point vulnérable, et en mourut. Puis le Grec Philoctète tua Pâris en combat singulier.

Feignant d’abandonner le siège, les Grecs éloignèrent leur flotte et brûlèrent leur camp, laissant sur le rivage un gigantesque cheval de bois, pour remercier Athéna. Après débat et traîtrises, les Troyens firent rentrer le cheval dans leur ville. La nuit venue, Ulysse, Ménélas et d’autres guerriers sortirent du cheval, ouvrirent les portes de la ville à l’armée grecque revenue sur le rivage, et détruisirent la ville. La population fut exterminée, même le vieux roi Priam. Enée fut épargné avec sa famille. Il partit en Italie avec les siens et sera l’ancêtre de Rémus et Romulus, fondateurs de Rome.

Ménélas était venu se venger d’Hélène, mais sa beauté le subjugua à nouveau : il repartit avec elle, et après un long voyage revint huit ans plus tard à Sparte.

Les Grecs survivants rentrèrent chez eux. Certains périrent en route, d’autres gagnèrent leur foyer après un périple plus ou moins long. Celui d’Ulysse dura dix ans.

  • Sparte : où se déroulent les actes I et II
  • Nauplie : où se déroule l’acte III
  • Argos : où règne le roi des rois Agamemnon
  • Leucade : où vont se jeter les amoureux malheureux
  • Mont Olympe : où séjournent les dieux
  • Crète : où est envoyé Ménélas
  • Cythère : où le faux augure prétend emmener Hélène
  • Troie : où Pâris va emmener Hélène
  • Mont Ida : où le jugement de Pâris a eu lieu

Noms grecs ou latins ?

Dans notre pièce, les librettistes Meilhac et Halévy usent des noms latins pour les dieux grecs. C’était encore l’usage au XIXe siècle. Pierre Commelin, auteur en 1907 d’une « Mythologie grecque et romaine » qui a fait référence, accuse de pédanterie ceux qui « depuis quelques années » emploient les noms grecs : « est-ce notre faute à nous, si la Gaule a été conquise non par la Grèce mais par Rome ? ». Voici donc la correspondance pour les principaux noms des dieux que nous trouverons dans la pièce :

  • Jupiter (ou Jupin en ancien français) : Zeus;
  • Vénus : Aphrodite;
  • Minerve : Athéna;
  • Junon : Héra.

Pour Commelin, ces dieux grecs et romains sont équivalents, mais les dieux romains avaient déjà leur culte avant de s’helléniser, et à y regarder de plus près, l’assimilation est parfois artificielle.